
Quand j’ai créé mon site internet, j’ai sollicité quelques personnes pour me faire des retours et l’améliorer. Mon ami Éloi m’a justement fait remarquer que ce qui intéressait les lecteurs du site c’était plutôt ce qui m’avait donné envie de devenir coach, mon histoire, mes doutes, mes succès…
Alors Éloi, je commence par une histoire. Celle-ci, au regard de ma carrière, n’est pas une des plus extrêmes, mais elle me dit beaucoup de choses sur moi et sur les autres.
Mes petits carnets, une histoire de résilience.
Cette histoire commence en 1999. Je suis alors élève gendarme (EG) à l’école de Châtellerault. Âgé de 28 ans j’ai servi à l’armée comme officier. J’ai également fait des études de droit.
Bref, je suis bien équipé pour passer sereinement ce cap de l’école de gendarmerie.
C’est naturellement que je suis élu président de mon peloton d’une petite quarantaine d’élèves. Tâche gratifiante mais chronophage dans laquelle je m’engage pleinement car elle répond à ma valeur solidarité. Je vais même au-delà de mes fonctions pour emmener des EG s’entraîner au combat lors de nos repos par exemple. Je donne sans compter, sans rien attendre en retour, c’est ma nature.
De mon côté, je travaille sérieusement, je suis plutôt bien classé.
Le régime de l’école est celui de l’internat, nous sommes en chambres de 6. Je suis dans une chambre sérieuse, avec Olivier, Yanis, Laurent, Stéphane et Eric. Toute la promotion (116 EG) est en concurrence pour le classement final, mais dans la chambre, il n’est pas question de ça (Notre solidarité de chambrée a placé 5 d’entre nous dans les 10 premiers au final).
Tous les soirs, je fais un résumé des cours de la journée, j’écris jusqu’à ce que ça rentre. Tout est synthétisé dans des petits carnets très soignés, qui tiennent dans une poche de treillis. Ainsi je peux les emmener partout et réviser dès que j’ai le temps. Des petits bijoux. Mes codex à moi !

Un soir, je suis seul dans la chambre, à réviser. Mes cours sont sortis sur la grande table centrale, les carnets sont à côté. Ma bouteille d’eau est vide et je vais la remplir dans la salle d’eau, au bout du couloir. Je prends mon temps…
Finalement, je rentre dans ma chambre et…. Mes carnets ont disparu. Il y en avait trois. Où sont-ils ? C’est une mauvaise blague, c’est certain. On va me les rendre. Je cherche, je questionne. Personne ne sait, personne n’a vu. Tout le monde m’aide, personne ne trouve. Incroyable.
Ils ne reviennent pas ces trois carnets.
Je suis sidéré. C’est un mélange de colère et de tristesse. Je donne sans compter pour eux, tous, je n’attends rien en retour. Pas ça… pas ici…
On est à quelques jours de l’examen final et mes carnets me servent en permanence…
Je fini par m’assoir sur mon lit, je respire, je me calme et je réfléchis.
Marc Aurèle a dit « Que la force me soit donnée de supporter ce qui ne peut être changé et le courage de changer ce qui peut l’être mais aussi la sagesse de distinguer l’un de l’autre ».
Celui qui a volé mes carnets l’a fait pour des raisons qui lui sont propres, jalousie, concurrence, que sais-je … peu importe. C’est sûrement quelqu’un de malin. Il n’est pas impossible de l’attraper mais à quel prix ? Au prix de quel temps et de quelle énergie ? Et pour quel résultat ?
QUEL EST MON OBJECTIF ?
Je décide de refaire mes carnets. En plus beau. J’y travaille tout le temps. Je mémorise bien quand j’écris. Finalement, ce vol a été l’opportunité de devenir encore meilleur.
Quand les trois carnets sont terminés, j’interviens devant les 115 EG de la compagnie. Sans rancœur, sans défiance, je montre mes trois carnets à tous, le voleur est forcement parmi eux.
Je m’adresse à lui pour le remercier, sincèrement. Je lui dis combien il m’a aidé. Je lui dis que mes carnets seront encore sur la table si il veut les voler à nouveau.
J’ai fini deuxième de mon stage et encore aujourd’hui je lui dit MERCI. J’ai juste de la compassion pour ce qu’il a fait.
Ce que j’en retiens :
Quels enseignements j’en ai tirés ? Ils sont nombreux.
Si je regarde cette histoire à travers le prisme de la résilience, c’est un bel exemple de capacité à rebondir plus fort après une épreuve.
En quoi c’est important ?
-C’est un processus que tout le monde peut appliquer, avec du travail sur soi et parfois de l'aide.
-Ça impacte tous les aspects de la vie .
-Ça diminue le stress et développe le bien être.
-Ça écarte la posture de victime.
-Ça permet de tenir ses objectifs malgré des circonstances changeantes ou difficiles .
-Ça permet de sortir plus fort de toutes les situations et d’être fier.
Je n’ai de cesse de répéter cette citation de Jean-Paul Sartre « l’important ce n’est pas ce qu’on a fait de nous, mais ce que nous faisons nous même de ce qu’on a fait de nous ».
Je sais que tout le monde n’a pas la résilience innée, beaucoup d'entre nous sont désarmés face à ces situations et se laissent déborder par leurs émotions.
Mais la vraie bonne nouvelle c’est que ça s’apprend, à tout âge.
Alors Éloi, voilà pourquoi, entre beaucoup d’autres bonnes raisons, je suis devenu coach et préparateur mental: Pour aider les gens qui souhaitent évoluer à vivre cette résilience.
Et vous qui avez lu cette histoire, quelle est la première pensée qui vous vient à l’esprit à son propos ?
Et cette pensée qu’est-ce qu’elle vous apprend de vous ?
Vous en êtes où au sujet de cette résilience?

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